Entretien à haute altitude avec Pierre Durand
- Ursule Schmickler
- Mar 23
- 4 min read
Bonjour!
Nous inaugurons ce mois-ci la nouvelle section du Roar « Entretiens à haute altitude », qui consistera en des interviews de personnalités plus ou moins intéressantes rencontrées au hasard des attributions de siège des compagnies aériennes. Vous l’avez compris, ces entretiens seront réalisés exclusivement lors de trajets aériens.
Pour cette première entrevue exclusive, j’ai eu la malchance de m’asseoir pendant 11 heures à côté de Pierre Durand, artiste et universitaire.
Bonjour Monsieur. Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs du Roar ?
Je m’appelle Pierre Durand et je suis le directeur du département art laitier à l’Université de Montpellier VII. Enfin, mon vrai nom n’est pas Pierre Durand. Pierre Durand est mon nom d’artiste. Je suis Pierre Durand.
D’accord. Je ne vous demande pas votre vrai nom alors ?
C’est Pierre Durand.
Expliquez-nous, qu’est-ce que l’art laitier ?
On ne peut pas définir l’art laitier. Le définir, ce serait lui imposer des limites ce qui est exactement l’opposé de ce que l’art laitier est.
Il est possible que certains de nos lecteurs n’ait jamais été exposé à cette forme d’art. Pourriez-vous peut-être nous parler d’une ou deux œuvres importantes ?
Si vous y tenez. Je suis actuellement engagé dans la construction d’une sculpture flexible.
En quoi cette sculpture peut-elle être considérée comme de l’art laitier ?
Je ne peux pas vous expliquer comme ça en étant assis. Il faudrait que vous la voyiez. C’est quelque chose que l’on n’explique pas, quelque chose que l’on ressent avec deux sens principalement, la vue et le toucher. Pas avec le cerveau.
Peut-être pourriez-vous nous décrire une autre de vos œuvres alors ?
Je n’aime pas parler de mes anciennes œuvres, elles appartiennent au passé.
Pouvez-vous alors nous parler de l’équipe pédagogique du département art laitier ?
Je suis en conflit avec la plupart d’entre eux, je ne préfère pas m’exprimer.
Je vois. Décidément, ce n’est pas évident de vous tirer les vers du nez.
Des vers dans mon nez ? Je ne comprends pas.
C’est une expression. Ça veut dire qu’il est difficile de vous faire parler, ce qui est contrariant puisque l’objectif d’un interviewer est de faire parler son interviewé.
Les Français, vous avez des expressions bizarres, c’est difficile de toutes les connaître.
Ah, vous n’êtes pas français donc, j’avais cru déceler un accent. Puis-je vous demander où vous avez grandi ?
Bien sûr.
(Il se tourne et se met à regarder un film. L’interview reprend 2h30 plus tard.)
Sans vouloir être indiscret, j’ai cru voir que vous aviez regardé le film Gladiator en version croate. Vous parlez donc croate ?
Pas du tout. J’ai grandi sur une petite île au large de l’Irlande, dans une communauté d’artistes avant-gardistes. Nous y menions une vie simple mais intellectuellement très stimulante. Et puis avec l’érosion, l’île a fini par devenir inhabitable, alors je suis parti pour le mainland irlandais, où j’ai erré plusieurs années à la recherche… de l’artiste au fond de moi-même. Et finalement, Pierre Durand a décidé de s’exiler dans plusieurs villes européennes, pour étudier.
Je ne pensais que cette interview serait si chaotique, ça part un peu dans tous les sens.
N’interviewez pas d’artistes alors. Pensez-vous qu’il était possible de contrôler une conversation avec Dostoïevski, Dali ou Sid Vicious ? Pierre Durand c’est pareil.
Vous me disiez donc que vous aviez étudié en Europe. Qu’avez-vous étudié ?
Je suis surtout un autodidacte, et c’est comme cela que j’aimerais que l’on se souvienne de moi. Mais c’est vrai que j’ai fréquenté quelques universités en candidat libre. J’ai étudié la biologie en Espagne et en Lituanie et j’ai poursuivi avec un master d’informatique à la Wirtschaftsuniversität de Hanovre. Après tout cela, je me suis installé en France où j’ai pu mettre en application mes connaissances et développer mes méthodologies.
Tout cela semble un peu fumeux. Mais bon, revenons-en à nos moutons. Qu’est-ce qui vous plaît dans l’art laitier ?
La peinture, le cinéma, la littérature, ce sont des domaines où tout a été fait. Alors que dans l’art laitier, tout reste à faire. C’est un art qui n’a même pas été déconstruit. Les possibilités sont infinies.
Certains des élèves du Lycée souhaitent s’orienter vers des carrières artistiques. Je doute qu’aucun d’entre eux ne soit intéressé par votre programme universitaire, mais pourriez-vous tout de même nous en parler un peu ? On ne sait jamais.
La seule chose que vous devez savoir est qu’il s’agit d’une formation unique au monde. Et cela, bien sûr, car la France est une très grande puissance laitière, la plus grande, si vous voulez mon avis.
Autre chose ?
Oui. Nous sommes en train de nouer des partenariats avec des universités étrangères pour que nos étudiants puissent passer un trimestre à l’étranger. La priorité est donnée à l’Italie, aux Pays-Bas et à la Suisse, les trois autres pays qui constituent bien sûr avec la France le fameux Big 4 laitier, ou comme l’appellent les peuples germaniques, le Molkerei Großen 4.
Jamais entendu cette expression.
Et il y a une dernière chose que je voudrais ajouter.
Merci beaucoup M. Pierre Durand. C’était très intéressant.
Appelez-moi Padraig.
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